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BA1 2006-2007 travaux d'encyclo
8 janvier 2007

La philosophie cynique est-elle affirmée ou infirmée par le comportement de l'un de ses disciples Diogène de Sinope ?

A l'attention du professeur en encyclopédie de la philosophie Timmermans B. du
département « Philosophie et Science des Religions »
de la part de l'étudiante en première bachelier de philosophie générale Meziani
C. de la faculté « Philosophie&Lettres ».

MEZIANI Charline                                                                     
PHIL-1-P
le vendredi 30 décembre 2006.

   Devoir sur une question philosophique : « La philosophie cynique est-elle
affirmée ou infirmée par le comportement de l'un de ses disciples Diogène de
Sinope » ou, en d'autres termes, « Diogène est-il un véritable cynique? ».

   Travail écrit demandé aux étudiants pour le cours d'encyclopédie de la
philosophie donné par M. Timmermans B.

   Travail à remettre pour le mardi 3 janvier au plus tard.Année 2006-2007.

NB du 07 janvier 07: Mise-en page racrapotée pour l'occasion! Charline.

   « La philosophie cynique est-elle affirmée ou infirmée par le comportement de
l'un de ses disciples Diogène de Sinope » ou, en d'autres termes, « Diogène
est-il un véritable cynique? ».

   Le monde antique avait fort changé en 404 av. J-C, en Grèce attique comme en
Asie mineure.    A cette date naît à Sinope, petite ville d'Asie mineure, un
petit garçon  qui se prénomme plus tard Diogène. Le temps passe; l'enfant
grandit et, apprenant du vocabulaire, s'instruit. A l'âge d'être libre, il va à
la cité d'Athènes et y fait une rencontre qui marque à tout jamais son destin:
celle d'Antisthène, innovateur de la philosophie cynique. Le doyen du cynisme,
après avoir essayé de repousser Diogène, voit que le petit est séduit par son
éthique de vie Antisthène s'attache alors à enseigner à celui qui sera son plus
célèbre disciple les grandes bases du cynisme. C'est le début de
l'« ère cynique » à Athènes, les rues ne sont plus tranquilles: parfois, des
personnages hèlent les honnêtes gens et les remettent à leur place...d'homme.
   Dans ce travail, nous traitons la question philosophique mentionnée dans le
titre -à savoir, si Diogène de Sinope, l'un des plus connus disciples du
cynisme, met-en-danger ou appuie sa philosophie par son comportement.
   Pour ce faire, dans un premier temps, nous passons en revue les grandes
lignes de la philosophie cynique. Ensuite, dans un deuxième temps, nous
analysons le comportement de Diogène de Sinope pour conclure si ce dernier
affirme le cynisme ou l'infirme plutôt.
   La philosophie cynique, dont le nom est originaire éthymologiquement de
« kuôn » qui signifie « chien » en langue grecque, est une philosophie qui donne
accès à la liberté. La liberté du cynique est dite « radicale », détachée de
toute convention -en particulier les règles sociales admises par la communauté-
et soucieuse de se rapprocher au plus près de la nature. Le cynique se veut
libre face au monde, face aux autres et à lui. Pour atteindre cet état de
liberté intense qui est liée en tout point au sentiment d' « atuphia », il se
doit de devenir sage. Or, la sagesse est une éthique de vie (dans la philosophie
cynique). Cela veut dire que l'éthique est la seule référence de vie et la seule
clé pour avoir accès au bonheur. L'éthique est la notion aléatoire de bien et de
mal. Chacun se fixe et définit sa propre éthique, c'est-à-dire ses références
propres pour juger de ce qui est bien et de ce qui est mal. La vertu est
équivalente à la notion de bien. Comme chaque être humain, un cynique se doit
d'être « un type bien » le plus possible. De s'améliorer de jour en jour. Cette
progression au jour le jour a pour but ultime la vertu d' « atuphia », qui
signifie « absence de vanité » et qui est l'accomplissement parfait du bien pour
un cynique, l'état à atteindre. L'éthique est donc la base de cette philosophie.
On ne se fie qu'à ses propres repères, on remet en question tous les autres, que
ce soit ceux qu'apporte la société ou ceux des autres gens. De cette manière, on
se détache de tout convention d'ordre éthique, social ou purement
conventionnelle et cela permet d'être totalement libre d'esprit. Un esprit
critique hyper développé, voilà ce qu'un cynique possède. Dépossédé de ses
propres entraves de cervelle, il jouit d'un état de clairvoyance et de
« je-m'en-foutisme » total, état d'esprit qui lui permet de se moquer de ces
gens qui n'ont « pas compris ». Son seul but étant alors la quête de la
précieuse vertu d' « atuphia », seule vraie raison d'exister sur terre. Aussi,
voici qu'Onfray nous livre des conseils que le père du cynisme donne à ses
élèves: « Anthistène enseigne que la seule philosophie est éthique, et que la
vertu suffit au bonheur du sage. En conséquence, il faut mener une vie aussi
simple et morale que possible, et se détacher des conventions sociales. »
(ONFRAY M. Cynismes: portrait du philosophe en chien, Coll. Le livre de poche,
« Biblioessais », Paris, Grasset, 1997). Le comportement cynique, vivre selon sa
seule éthique propre, avoir sa position par rapport aux choses qui nous
entourent et au monde etc. est un essai de retrouver la nature première de
l'homme. Le cynique parvient à voir ce qu'il peut accepter ou pas, il discerne
ce qu'il prend et ce qu'il rejète, pour accepter sa nature d'esprit Pareil pour
le corps: il réduit ses besoins, résiste, se prive jusqu'à l'excès, relâche
etc., il prive son corps de tous les excès pour voir jusqu'où il peut tenir et
où il ne peut plus aller pour connaître son corps, pour se connaître. Corps et
esprit ne font qu'un dans la philosophie cynique: ils ont droit aux mêmes
épreuves. Dans le but d'être plus fort, plus indépendant, plus résistant aussi,
le cynique va aller jusqu'au bout de ses forces. Pourquoi? Pour être moins dépendant par rapport aux autres. Et pour être
beaucoup plus résistant, simplement. Se découvrir eux-mêmes est  le but premier
des cyniques, se résister en est un autre. La privation et l'endurance font
partie de la vie parce qu'elles permettent de mieux résister. Résister à la vie
et aux illusions du monde. Le cynique préserve le peu de liberté qui est en lui.
Sa démarche est d'aggrandir cet espace de liberté, jusqu'aux les autres. Les
autres sont des pantins d'illusions pour lui, pantins qu'il tente d'éveiller et
de dire: « hé, ho, le bonheur c'est ici et maintenant les gars. Moi je suis
cynique et j'ai trouvé le bonheur en l'instant présent. Je vis au jour le jour,
et je n'ai besoin que du présent pour rêver ». Mais les autres ne l'écoutent
pas: une vie de clochard, de bohème, à marcher pied nu, pleins de maladies, à
s'amuser de joutes verbales et à boire dans les fontaines, ils n'en veulent pas.
Ils préfèrent ce que le cynique appelle « les futilités de la vie ».
   En observant et en analysant le comportement de Diogène de Sinope, nous nous
disons qu' il n'existe pas beaucoup d'hommes sur terre qui sont aussi « chien »
que lui. Il le dit lui-même d'ailleurs, que c'est un chien. Cet homme applique
de manière très personnelle les dires de la philosophie cynique et la soutient
jusqu'au bout, au point de lui donner sa vie. Car Diogène a consacré sa vie au
cynisme: il ne fait que ça. Il est cynique jusqu'au bout, même avec lui-même: il
est cynique avant tout, avant même d'être Diogène. Pour la postériorité, la
légende relate qu'il est mort « en cynique »: en retenant sa respiration:
« Il n'est plus, l'homme de Sinope,
L'homme au bâton, au double manteau, qui mangeait en plien air;
Il est monté au ciel pour avoir de ses dents
Mordu ses lèvres et retenu son souffle. C'était,
Ce Diogène, un vrai fils de Zeus et un chien célèste. »( LARRE J-P., Diogène ou
la science du bonheur, Hélette, Harriet, 1997).
Le comportement cynique de Diogène de Sinope est donc quasiment irréprochable.
En ce sens, c'est plutôt un bon point pour cette philosophie même si ça ne nous
avance pas sur la question de « est-ce qu'il l'affirme ou pas? ». Pour répondre
à cette interrogation, il faut se plaçer à l'extérieur et se demander ce que le
comportement de diogène nous renvoit. En général, comme dans cet illustre (!)
exemple, où Diogène de Sinope brandit une lanterne en plein jour pour éclairer
la conscience des hommes: « Il se promenait en plein jour avec une lanterne et
répétait 'je cherche l'homme'. » (LARRE J-P., Diogène ou la science du bonheur,
Hélette, Harriet, 1997). Le message est clair: il dit qu'il faut se réveiller,
qu'on ne ressemble pas à des hommes comme ça, qu'il faut arrêter notre cinéma et
qu'il faut éveiller nos consciences d'hommes. En cela, son attitude cadre
parfaitement avec la philosophie cynique ,et donc en cela, il l'élève dans le
cas où le message passe. Mais dans les cas où le message ne passe pas ou passe
très mal, c'est à ce moment-là que Diogène devient dangereux pour lui-même. Si
les gens de l'Antiquité ne voient pas ou très mal où il veut en venir avec sa
lanterne allumée, et ses paroles répétitives, qu' ils ne comprennent pas, ils le
font passer pour un fou et la philosophie cynique en est discrédité. Nous, nous
pensons que c'est un jeu de psychologie : si Diogène est compris, il est homme
et la philosophie cynique est affirmée parce que crédible et si Diogène est
incompris, il est fou et le cynisme est infirmé. Discrédité, son comportement
cynique n'étant plus considéré comme normal est jugé incompréhensible car on
dirait un fou, on ne comprend pas ce qu'il veut et les gens l'évitent. Il met
alors en danger la philosophie cynique et en plus, personne ne le croit.
Comprise, son attitude cynique totalement intégrée est jugée noble car on dirait
un maître, on comprend très bien ce qu'il veut et les gens le respectent. Il met
alors en valeur la philosophie cynique. Les exemples de Diogène de Sinope dans
les deux situations abondent: tantôt on le traite de fou, tantôt on le traite en
maître.
   Pour conclure, nous disons que Diogène de Sinope est un véritable cynique.
Son comportement correspond de manière troublante tant il est proche d'elle à la
philosophie cynique. Aussi l'attitude « Diogène » affirme-t-elle pleinement la
philosophie cynique quand le message (ses paroles, ses actes, ses joutes
verbales..) passe... C'est seulement dans les cas où les gens ne le comprennent
pas qu'il peut se faire valoir de fou et qu'il risque d'endommager la
philosophie cynique (et encore...).
En tout cas une chose est sûre: il a le cynique dans la peau. Maintenant la
philosophie cynique n'est plus maîtresse d'elle-même: c'est Diogène de Sinope
qui incarne en lui-même toute la philosophie cynique.

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Commentaires
J
charline est décédée le 10 Avril 2008.<br /> <br /> repose en paix
L
je signale notre livre "diogene nom d'un chien" (delits d'encre au petit pavé)2013
G
N'étant pas philosophe patenté, mais seulement quelqu'un qui essaie de comprendre avec ses moyens et quelques lectures ou discussions, je ne peux livrer que mes sentiments et des idées temporaires.<br /> Le cynisme, comme toute philosophie, semble avoir pour but d'atteindre la sagesse. Il doit passer par l'étude préalable du réel (théorie), c'est à dire (pour le cynique) essentiellement par la connaissance de l'homme (connais-toi toi-même) et la société (errances et futilités d'une société figée dans ses concepts). Il doit donc se libérer des artifices pour approcher du ''vrai'', et ceci par ses propres moyens:ainsi le cynique veut se dégager des pressions sociétales qui sont pour lui des notions temporelles et surfaites. Il y a donc chez le cynique un goût d'absolu, la recherche d'un homme pur, non corrompu par la société dans laquelle il vit.<br /> Cette idée de la recherche d'un certain absolu conduit à envisager un chemin et à poursuivre ce chemin jusqu'à la mort. Peut-être apprendra-t-il lui-même à mourir, mais il aura de la peine à l'apprendre aux autres. Ainsi, le cynique philosophe pour lui-même et ne transmet guère. C'est sans doute la raison pour laquelle cette théorie ne peut guère faire école: il y a un certain aspect ''stérile'' dans cette philosophie.<br /> Si le cynique pouvait vivre une deuxième vie, après avoir expérimenté la mort, il pourrait peut-être aller plus loin, et ainsi enseigner une théorie plus aboutie, une éthique plus compréhensible et, en fin de compte permettre aux autres d'accéder à une nouvelle forme de sagesse.<br /> Car la sagesse n'est-elle pas le but ultime de toute philosophie? Et la philosophie vaut-elle vraiment si on ne peut la partager?
C
Je suis le modeste auteur du Dictionnaire du cynisme social que vous avez mentionné en bibliographie. Content de me voir référencé aux côtés de Diogène et Onfray. Mon bouquin n'était peut-être pas le plus adéquat pour une illustration historique du thème, mais vu sous un angle diachronique, le cynisme que je dépeins tombe à point nommé dans l'actualité électorale particulièrement cynique de cette année 2007, si tant est que le "cynisme électoral" ne soit pas une expression pléonastique intemporelle. Merci pour votre clin d'oeil.<br /> Esteban Capusa
L
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